Marqué par des violences concentrées sur le VIIIe arrondissement parisien, l’acte XVIII des Gilets jaunes aurait-il pu être mieux anticipé ? Des CRS se montrent confus quant à la stratégie adoptée en amont d’un événement qui s’annonçait à risques.
Forcé d’écourter son escapade à la montagne, le chef de l’État s’est exprimé dans la soirée du 16 mars sur les débordements parisiens à l’occasion du XVIIIe acte des Gilets jaunes. Ainsi, réitérant des propos déjà tenus le 26 février, Emmanuel Macron a de nouveau estimé que « tous ceux qui étaient là [s’étaient] rendus complices », appelant de ses vœux à « des décisions fortes, complémentaires pour que ces violences n’adviennent plus ». « Nous n’y sommes pas » a-t-il constaté.
Un échec qui a été dénoncé au sein même des forces de l’ordre alors que selon certains professionnels, l’événement aurait pu être mieux anticipé. Ainsi, David Michaux, secrétaire national CRS à l’UNSA Police, a dénoncé auprès de France info une mauvaise gestion des priorités : « C’est flagrant, à partir du moment où on n’anticipe pas un dispositif qui était annoncé à risques avec aucun contrôle en amont » : « C’est quand même énorme d’avoir environ 1 000 fonctionnaires de police spécialisés dans le maintien de l’ordre, cantonnés, comme on a pu le connaître dans tous les événements qui ont précédé décembre. » a regretté le syndicaliste.
Un fiasco également ressenti par un autre CRS, dont les propos, rapportés du terrain parisien par le journaliste Wladimir Garcin-Berson du Figaro : « C’est pas croyable, on dirait qu’on les laisse faire ! C’est quoi l’objectif ?! » se serait ainsi indigné l’officier entendu par le journaliste, alors qu’il conversait « discrètement » avec ses coéquipiers, « lors d’une pause aux alentours des Champs ».
Un porte-parole du syndicat Unité SGP Police-FO a pour sa part déploré la non-déclaration de manifestations : « On ne pouvait pas sécuriser ces manifestations. Il n’y avait rien de déclaré. Il a fallu un peu de temps à mes collègues pour sécuriser les Champs-Élysées. » a ainsi expliqué le syndicaliste à l’antenne d’Europe 1.
Selon le ministère de l’Intérieur, 32 300 personnes ont manifesté dans toute la France, dont 10 000 à Paris. De son côté, la préfecture de police a rapporté que 237 interpellations avaient été effectuées. En outre, le bilan révélé à 19h a fait état de 17 blessés du côté des forces de l’ordre et un pompier, 42 chez les manifestants.
Le Nombre jaune, collectif de Gilets jaunes qui s’attèle à évaluer la participation aux manifestations chaque samedi, a quant à lui compté 230 766 manifestants, selon une première estimation donnée en fin de journée, Gilets jaunes et manifestants pour le climat confondus.